|
Michèle Finck actrice dans le film La momie à mi-mots
Poèmes, livres de poèmes bibliophilques, cd-rom
Choix de publications d'études critiques et de conférences
Poems, bibliophilic books, cd-rom
une photographie de Michèle Finck par Laury Granier : La Reine du Jour. La Reine de la Nuit.
Copyright © 2000 .
Tous droits réservés.
|
une photographie de Michèle Finck par Laury Granier : La Reine du Jour. La Reine de la Nuit.
Ce site est consacré à Michèle Finck, poète, essayiste, actuellement professeur de littérature comparée à l'Université de Strasbourg. Ses champs de recherche (critique et création) sont orientés vers l'exploration des rapports entre les littératures de plusieurs pays (en particulier, la poésie, du romantisme à l'époque contemporaine, domaine de prédilection) et les arts (musique, peinture, danse, cinéma). Le site présente (en français et en anglais) ses différents travaux: études critiques, poèmes (livres bibliophiliques, cd audio, cd-rom et livret-poème mis en musique), scénarii pour le cinéma. Sur l'œuvre poétique de Michèle Finck, voir le n°69 de la revue électronique Nu(e) sous la direction de Patrick Née, 2019, 409 pages. Pour télécharger faire/cliquer: POEZIBAO NU(e) n°69 Michèle Finck _______________________
Michèle Finck est née en Alsace, à Mulhouse, en 1960. Du côté du père,
une famille paysanne placée sous le signe de l’enracinement dans le sol
alsacien du Sundgau, à Hagenbach. Du côté de la mère, davantage de
mouvement dans toute l’Europe, sous le signe d’un arrière-grand-père
hollandais, fabricant de miroirs sur une péniche itinérante au fil du
Rhin, entre la Hollande, l’Allemagne et la France. Du côté du père (
lui-même universitaire, mélomane et poète) comme du côté de la mère
(fille d’un libraire strasbourgeois), le livre occupe une grande place
dans son enfance, comme la librairie du grand-père maternel est au cœur
de Strasbourg, près de la Cathédrale.
Dès l’adolescence, elle partage sa vie entre
la littérature et la musique (piano) et bientôt entre la France et
l’Allemagne (où elle rencontre, à Cologne, en 1975, le jeune violoniste
Alexandre Jarczyk).
En 1981, reçue à l’Ecole Normale Supérieure
(Ulm / Sèvres), elle quitte Strasbourg pour Paris, tout en continuant à
travailler le piano à Cologne et
à Paris avec Jeannine Vieuxtemps. Mais Paris
est surtout pour elle l’occasion de rencontres primordiales sous le
signe de la poésie. Parmi les rencontres décisives, il y a celle du
poème À la voix de Kathleen Ferrier d’Yves Bonnefoy et bientôt, en
1983, celle d’Yves Bonnefoy lui-même, à qui elle choisit de consacrer sa
maîtrise puis sa thèse en Sorbonne (qui sera publiée sous le titre
Yves
Bonnefoy, le simple et le sens, José
Corti, 1989). Les nombreux échanges personnels avec Yves Bonnefoy mais
aussi le séminaire d’Yves Bonnefoy le lundi après-midi au Collège de
France (où elle rencontre des poètes et des chercheurs de tous pays)
sont le creuset d’une intensification de la nécessité vitale de la
poésie, dans laquelle elle s’engage désormais totalement.
Si l’enfance et l’adolescence avaient pour
soubassement la musique, la rencontre du cinéaste et peintre
Laury Granier, en
1986, coïncide avec une profonde ouverture sur les arts visuels. Avec
lui, elle fonde en 1988 l’association culturelle
Udnie
qui réunit des poètes et des artistes de toutes disciplines (peinture,
cinéma, architecture, musique, danse).
Si elle écrit des poèmes depuis l’enfance,
elle retarde le moment de les publier en livre, préférant longtemps les
confier à des revues (en particulier à
Polyphonie,
sa revue de naissance, et au
Nouveau
Recueil) ou à la vidéo de
Laury Granier
(qui réalise plusieurs vidéopoèmes). Elle co-écrit le scénario du film de
Laury Granier,
La Momie à mi-mots,
(moyen métrage, 1996). Pour ce film, elle est aussi assistante au
tournage, au montage et à la réalisation et s’improvise actrice (aux
côtés de Carolyn Carlson, premier rôle, Jean Rouch, Philippe Léotard).
Ce film est qualifié par Jean-Paul Rappeneau de « cinéma de poésie» au
sens que Pasolini donne à ce terme, L’avant-première de ce film a lieu à
la Cinémathèque française (en janvier 1996). Après avoir tourné dans de
nombreux festivals internationaux, le film est sorti en salle à Paris,
au Cinéma Le Denfert, en 1999-2000.
Le
rapport privilégié de Michèle Finck avec les arts la conduit à souhaiter
que ses premiers livres de poésie publiés soient des ouvrages
bibliophiliques avec des artistes : En 2002, elle publie
Midrash de la mer, avec des photos
et des peintures de Laury Aime et une préface de Claude Vigée (éditions
Udnie-Lorimage). Ce livre est lui-même issu d’un spectacle multimédia
mis en scène antérieurement par Laury Granier au
Théâtre de l’Ombre qui
Roule, à Paris, en 1987,
Autour du vidéopoème : La porte,
dans lequel les proses de Laury Granier et les poèmes de Michèle Finck
étaient lus
par Michael Lonsdale et Anne-Laure Meury.
Suit en 2003 le livre bibliophilique le plus important,
Le Piano à
quatre mains (édition Udnie-Lorimage).
Préfacé par Jean Rouch, ce livre, avec des peintures de
Laury Aime, est
traduit en anglais, en allemand et en italien et accompagné d‘un CD
audio et d’un CDROM.
Alors
que l’enfance et l’adolescence étaient placées sous le double signe de
la France et de l’Allemagne, cette période de la vie coïncide avec de
nombreux voyages et séjours en Italie qui déplacent la bipolarité
géographique France – Allemagne vers une nouvelle bipolarité France –
Italie dont les livres de poèmes
Midrash de
la mer et
Le Piano à
quatre mains sont les réceptacles. Tous
ces premiers travaux, de
la revue
Udnie
au film
La Momie à mi-mots
jusqu’aux livres bibliophiliques
Midrash de
la mer et
Le Piano à
quatre mains, révèlent le désir d’une
circulation d’énergie entre la poésie et les arts, qui sous-tend aussi
le travail à venir.
La création poétique de Michèle Finck ne se
dissocie pas non plus, dès 1987, d’une expérience de l’enseignement à
l’Université de Strasbourg, où elle est actuellement professeur de
Littérature Comparée (Littérature Européenne). Comme son domaine de
création, son domaine de recherche privilégié est le dialogue de la
poésie moderne et contemporaine (française, allemande, italienne,
espagnole, russe) avec les arts (musique, peinture, danse, cinéma).
Parallèlement à l’écriture poétique, elle traduit des poètes allemands
(Trakl, Rilke) et écrits des essais consacrés aux rapports de la poésie
avec la danse (Poésie
moderne et danse, Corps provisoire,
Armand Colin, 1992), avec la musique (Poésie
moderne et musique, vorrei et non vorrei,
Champion, 2004 ;
Épiphanies musicales en poésie moderne, de Rilke à
Bonnefoy : le musicien panseur,
Champion, 2014) et avec les arts visuels
(Giacometti
et les poètes, « si tu veux voir, écoute »,
Hermann, 2012). Elle a aussi dirigé
plusieurs livres collectifs consacrés à la
poésie d’Yves Bonnefoy, de Claude Vigée et de Philippe Jaccottet (qui
sont ses trois repères primordiaux en poésie française)
mais aussi à la correspondance des arts et
aux liens entre écriture et silence. Depuis 2013, Michèle Finck figure,
pour sa création poétique et pour ses essais,
dans le
Who’s Who in
the world. Il est essentiel pour elle
non seulement de se consacrer à son propre travail poétique mais aussi
de participer à une réflexion profonde sur la légitimité et la fonction
de la poésie moderne et contemporaine.
De ce terreau fécond, dans lequel sont mêlés
la poésie et les arts, mais aussi l’expérience de la poésie et celle de
l’enseignement et de la recherche, sont nés les cinq principaux livres
de poèmes publiés jusqu’à présent.
Le premier livre,
L’Ouïe éblouie,
est paru aux éditions Voix d’encre avec des gouaches de Coline
Bruges-Renard, en 2007. Ce livre est en fait plutôt une forme
d’anthologie qui réunit plus de 20 ans de poésie, entre 1983 et 2003
environ. Sa composition, qui s’ouvre sur le poème liminaire Conte de
l’ouïe éblouie à vocation d’art poétique, s’articule en sept sections
qui suivent un ordre chronologique : À un son mort, Le violon dans
la pierre, Cassiopée, Migratrice, Saignée de douceur, Tempo rubato, Paix dans les plaies. Placé sous le signe d’une
exergue empruntée aux
Sonnets à Orphée
I,1 et I,3 de Rilke, ce livre, comme le suggèrent le titre
L’Ouïe
éblouie et le titre de plusieurs
sections, est bâti sur une quête conjointe, difficile, de l’amour et de
la musique. L’alliance avec la musique aide
la poésie à trouver cet accès à une dimension
« anonyme » et universelle de la voix.
Jean-Yves Masson, dans un article paru dans
le
Magazine Littéraire en novembre 2007 et
intitulé Musique charnelle, condense très bien l’enjeu de ce premier
livre : « Voici le langage à l’état naissant. Voici l’extase antérieure
aux significations mortes qui encombrent notre cerveau (…) Poésie et
musique ici célèbrent de nouveau leurs noces mystiques, splendides et
troublantes. Jusqu’à l’éblouissement. Jusqu’à l’illumination. Jusqu’à
l’enchantement ».
Le deuxième livre,
Balbuciendo, est
paru aux éditions Arfuyen en 2012. Ce
livre est profondément marqué par une double épreuve : celle de la
séparation en 2004 avec celui qui a été le compagnon de vie de Michèle
Finck entre 1986 et 2004 ; et celle de la mort du père en 2008. Les
années d’écriture à partir de la rédaction de
Balbuciendo
sont des années de repli sur soi et de travail poétique plus monacal,
durant lesquelles elle médite au quotidien l’interrogation rilkéenne,
fondamentale pour elle, des
Lettres à un
jeune poète : « Mourriez-vous, s’il vous
était défendu d’écrire ? » Le livre est architecturé en trois sections
qui, placées sous le signe d’exergues empruntées à Celan et à Akhmatova,
gravitent toutes autour de la perte et de l’adieu. C’est l’expérience de
la perte qui donne à ce livre son âpreté : perte de l’amant dans la
première section, intitulée Sur la lame de l’adieu; perte du père
dans la deuxième section intitulée Triptyque pour le père mort, où
le père offre à l’enfant en héritage un piano de paille qui est le
centre incandescent du livre ; et enfin tentative de conversion de
l’épreuve de la perte en scansion du noir, c’est à dire en poésie,
dans la troisième section intitulée justement Scansion du noir.
Balbuciendo
est ce qu’on pourrait appeler l’œuvre au noir de Michèle Finck,
sous-tendue par le projet alchimique d’une transmutation de la perte en
énergie d’écriture. Elle apprend dans la douleur à devenir chant et
destin (selon les mots de l’exergue empruntée à Akhmatova).
Dans son article consacré à
Balbuciendo
et publié dans la revue
Peut-être en 2013,
Claude Vigée trouve les mots pour évoquer ce livre : « Je suis en train
de déchiffrer maintenant à la loupe
Scansion du
noir, où revient, dans cette œuvre
majestueusement orchestrée dans sa détresse – grâce à elle sans doute –
le
leitmotiv du poème vécu comme seul vrai
compagnon de route, certes dérisoire, dans le chemin vers le soir, sans
apporter le salut, mais tout de même fidèle à sa mission,
Balbuciendo
(…) Michèle Finck trouve un terme formidable pour l’éclairer : ‘ Soit le
poème / Scanner de l’obscur
/ arraché à l’ouïe ‘ ». Dans sa recension de
Balbuciendo
pour la revue
Europe en 2013,
Jérôme Thélot donne aussi l’une des clés de ce « livre de déploration et
de fureur resserrées sur le plus vif de leur souffrance » en le
qualifiant de « livre
orphique ». Au
micro de plusieurs émissions de France Culture,
de Sophie Nauleau (ça rime à quoi) à
Alain Veinstein (du jour au lendemain), Michèle Finck s’est essayée
à parler de l’épreuve initiatique qu’a été
Balbuciendo
et insiste toujours sur le fait que la poésie est pour elle une
condition de vie.
Le rôle crucial de la musique, dès l’enfance
et l’adolescence, trouve son accomplissement dans le troisième livre de
poèmes,
La Troisième main,
(Arfuyen, 2015) récompensé en 2015 par
le Prix Louise Labé. Ce livre, composé de cent poèmes d’extase
musicale, a été écrit dans le noir et la pénombre, après une opération
de la cataracte. Placé sous le signe d’une exergue empruntée au poème La
musique d’Akhmatova, qui confirme l’importance depuis
L’Ouïe éblouie
de la poésie russe féminine (Akhmatova, Tsvétaïéva), ce livre est
composé de sept sections, dont les titres contribuent à éclairer peu à
peu le mystère de la musique : Vers l’au-delà du son, Musique :
opus neige et feu, Pianordalie, Violoncelle psychopompe,
Musique devance l’adieu, Golgotha d’une femme, Musique heurte
néant. En tête de chaque poème, apparaissent le nom du compositeur, le
titre de l’œuvre et le nom des interprètes. Il y va de poèmes qui
s’écoutent comme des transcriptions ou des transpositions d’œuvres
musicales, grâce auxquelles le lecteur – auditeur chemine de Bach à Bartok, de Liszt à Ligeti en passant par Gerschwin et Billie Holiday.
Comme l’écrit François Lallier dans
Europe
en mai 2015, il y va d’une découverte de la
« force mystérieuse de guérison, de réparation » de la musique, « la
matière sonore se faisant, dans la nuit, illumination » et chaque poème
étant "audition illuminatrice". Dans
Poezibao
(novembre 2015), Patrick Née écrit un article sur ce livre intitulé
Ut
musica poesis : « Sans doute depuis
Pierre Jean Jouve n’a-t-on pas pu lire en français un
Ut musica
poesis aussi profond que celui qu’offre
– avec une telle intensité émotionnelle servie par de tels dons
d’expression- Michèle Finck dans sa
Troisième Main ».
Le quatrième livre de poèmes,
Connaissance par les larmes
(Arfuyen, 2017), est né d’une perte brutale des larmes qui a été à
l’origine d’une longue méditation sur ce que sont les larmes :
interrogation des larmes par la poésie et de la poésie par les larmes.
Le livre est composé en sept sections : Court-circuit, ou la
perte des larmes ; Les larmes du large, ou l’apprentissage des
larmes par la mer ; Musique des larmes, ou l’exploration des
larmes par la musique ; Musée des larmes, ou l’exploration des larmes par la
peinture ; Cinémathèque des larmes, ou l’exploration des larmes par
le cinéma ; Etrécrire, ou les larmes des mots; Celle qui neige,
ou la transmutation des larmes en neige.
Poèmes, livres de poèmes bibliophilques, cd audio, cd-rom
Choix de publications d'études critiques et de conférences
Poems, bibliophilic books, cd audio, cd-rom
Michèle Finck actrice dans le film La momie à mi-mots
Copyright © 2000 .
Tous droits réservés.
|
|